vendredi 6 mai 2011

Summer wine by Guillaume Rouan

Je mets beaucoup plus de temps à aller au travail le matin, je crois que pas mal de gens ont pris des vacances et se sont répandus dans le coin. Je me regarde dans le rétroviseur et y découvre un visage mat et bronzé, mes cheveux ont blondi avec le sel et le soleil.

Dans les couloirs, je croise des gens arborant le même uniforme que moi, chemise à carreaux, Vans classic et casquette. Les quinquagénaires essayent d’être dans le coup, mais ils semblent maladroits et ridicules avec leurs grosses chaussures de skate. Les jeunes parlent et rigolent, les moins jeunes s’accrochent.

J’essaye de dégager une image cool et branchée pour me fondre dans le tas et être accepté.

Ici, la désinvolture est une religion.

Je suis malade depuis 15 jours, l’eau froide et polluée a eu raison de mon faible système immunitaire. Quand on ne surfe pas ici on se fait quand même bien chier.

Je vais souvent m’enterrer à la plage pour lire un bouquin et me laisser perturber par les filles qui offrent leurs seins nus au soleil. Ça sent le monoï, la friture et l’été.

Le soir tous ce petit monde va se cloîtrer dans la cave la plus célèbre de la cote : le Dick’s Sand. Je suis obligé de boire beaucoup pour m’y amuser et pour danser. Les gens sont beaux et semblent bien rigoler. Face au bar, la mer gronde et j’ai l’impression de la comprendre.

Le surf travaille à pleins temps dans mon esprit et il m’a pris beaucoup d’argent ces derniers mois, c’est une maîtresse exigeante, difficile et capricieuse, mais qui me défonce de plaisir. Parfois je suis dans l’eau au large, j’attends les vagues, je pisse dans ma combi et une douce sensation m’envahie, je ferme les yeux et laisse le soleil me brûler le visage, et je me dis que

la vie est quand même douce et paisible au travers de toutes ces forêts de pins monotones,

je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, il sera sans nul doute précaire,
peu importe tant qu’il a le goût et l’ivresse de l’été.

Guillaume Rouan


1 commentaire:

  1. Je prends!!!

    Bon billet, chaque phrase me permet de comparer au quotidien parisien, avec pour conclusion qu'il n'est vraiment pas comparable!

    RépondreSupprimer